JARDINS  EN  MINIATURE

Alasweb 3/03/07

L’art des jardins aujourd’hui en plein renouveau laisse à penser qu’un changement profond est en cours, ce qui est réconfortant par ces temps d’angoisse généralisée. Parcs royaux, nationaux et régionaux, jardins botaniques, jardins d’artistes ou de paysagistes, jardins antiques... illustrent les rapports de l’Homme avec la nature à toutes époques et partout dans le monde. L’histoire des jardins comme n’importe quelle autre forme d’art apporte un éclairage précieux autant sur les civilisations que sur les modes de vie, sous tel ou tel régime. Très souvent la peinture, la sculpture et la poésie jouent un rôle important dans cet art où prime l’esthétisme.

Un jardin peut être à la fois la réalisation d’une oeuvre d’art admirable et l’expression de préoccupations politiques, sociales et religieuses. Versailles et les jardins de Le Nôtre ne sont pas simplement le modèle des « jardins à la

Française ». Imposant leur symétrie dans une nature domestiquée, ils symbolisent l’ordre, le pouvoir absolu de Louis XIV, sa conception de la monarchie, sa place et son rôle dans le monde.

A l’opposé, dans un régime politique plus démocratique, les « jardins anglais » nés moins d’un siècle plus tard sont conçus comme des espaces de liberté. On y trouve en priorité la mise en valeur de l’aspect pittoresque du paysage dans lequel ils sont intégrés. Lancelot Brown, le plus célèbre paysagiste anglais du XVIIIème siècle en a été l’initiateur. C’est « avec la sensibilité d’un poète » et « avec l’oeil d’un peintre »  - selon sa propre expression – qu’il a entrepris ses réalisations. Ses jardins ont connu un grand succès en Europe. Bowood est assurément le site où il a pu appliquer pleinement ses idées. Idées répondant à l’attente d’une bourgeoisie conquérante en quête d’espaces plus intimes, moins liés à une représentation sociale ou politique.

Ces deux exemples démontrent l’existence d’un art des jardins spécifique à chaque pays, en relation avec l’histoire et la civilisation dont il fait partie. A Grenade, les jardins mauresques de l’Alhambra construits en espaliers, où l’eau s’écoule en jolies cascades rafraîchissantes ainsi que le patio des lions, sont caractéristiques des jardins propres à l’Islam.

Dans les jardins chinois et japonais, derrière l’apparence d’une nature à l’état libre, l’emploi et la valeur suggestive des éléments qui les composent (eau, pierre, mousses, feuillages, fleurs etc...) résulte d’une codification précise reposant à la fois sur des croyances magico-religieuses anciennes et la recherche de l’harmonie originelle. Les jardins des lettrés de Suzhou ( la "Venise chinoise "), près de Shanghaï, les jardins de Ginkaku-ji (temple du pavillon d’argent) à Kyoto, composés en fonction du paysage, des saisons et des parfums, offrent l’exemple de l’épanouissement à son plus haut degré d’un art des jardins inconnu en Occident.

Alors que le Vietnam est parsemé de sites d’une beauté admirable et d’une grande diversité, alors que ce pays possède une flore exceptionnelle (15 000 espèces végétales répertoriées, dont de nombreuses espèces rares), on n’y trouve pas de jardins aussi étendus et somptueux que ceux de Chine et du Japon. Selon le Pr Lê Thành Khôi, « cela est dû à l’absence de grandes familles aristocratiques et d’importants monastères, aux destructions des guerres civiles et étrangères, au goût même des Viets, plus sensibles à la simplicité qu’à la grandeur. Outre les fleurs cultivées en pots suspendus ou posés par terre ou grimpant à des pergolas, le jardin se réduit à deux éléments : les plantes-paysages (cây canh) et les montagnes en miniature (non bô)... ». Les « non bô » sont mentionnés pour la première fois dans les annales en 985. En cette année du règne de Lê Dai Hành, une colline artificielle fut édifiée sur un radeau pour l’anniversaire du roi : on s’y promenait en barque tout autour pour la contempler. De la Cour la pratique se  répandit dans le peuple, chez les riches et les pauvres » (1). C’est ainsi que s’est développé au Viêtnam l’art des jardins en miniature. Mais quelle est leur origine ?

LES SOURCES DES JARDINS EN MINIATURE

D’origine chinoise, ces jardins non seulement figurent dans une réduction savante l’univers lui-même, mais encore le rendent présent. Leur création  remonterait au début du Moyen Empire (dynasties des Souei et des Tang, 589-907), époque où le pays atteint un niveau culturel très élevé. Dans la littérature chinoise, c’est l’écrivain Wang Wei (699-759) qui en donne la première mention connue. L’art de ces jardins est lié à des conceptions religieuses, mystiques et folkloriques appartenant au départ plus particulièrement au milieu taoïste. Il fut ensuite propagé dans d’autres milieux.

Le peuple chinois est celui qui, à l’origine, a domestiqué le plus grand nombre de plantes.  La Chine dont la flore est extrêmement variée est la mère des jardins. Dès l’époque T’ang, à partir de fleurs sauvages monochromes, de très nombreuses variétés ont été obtenues par sélection ou par greffe. C’est sous les Song (960-1279), qu’est né l’art d’arranger les fleurs. Il fit ensuite souche au Japon avec l’introduction du  Zen dans ce pays.

Le Zen (prolongement du bouddhisme et du Taoïsme), après une longue histoire en Chine, s’étendant jusqu’au temps des Ming, a été propagé au Japon. Surmontant bien des difficultés, des moines, des poètes et des peintres sont parvenus à le diffuser dans de très nombreux domaines (arts, langue, sports, techniques respiratoires, cérémonie du thé,  etc...) et à le mettre à la portée du peuple japonais.

Lanterne de pierre près du santuaire de Kasuga Jinga. Japon

L’art de disposer les fleurs au Japon remonte à l’an mille. Il atteignit son apogée au  XVIème siècle, parallèlement à celui de la cérémonie du thé dont les maîtres furent aussi de grands créateurs de jardins. De même que le rituel de la préparation du thé, l’arrangement des fleurs en bouquets et la culture d’arbustes en pots (« bonsaï »), analogue aux jardins en miniature chinois, devaient traduire les lois de l’harmonie cosmique. Ce genre de jardin est bien connu également en Thaïlande (mai-dat, arbres tordus), les descriptions qui en sont faites dans des ouvrages – ils sont peu nombreux – mettent en avant leur aspect artistique et leur expression philosophique. C’est d’ailleurs ce côté qui semble être prépondérant au Japon. Mais qu’en est-il au Viêtnam ?

LES PAYSAGES MINIATURE VIETNAMIENS

Dans de nombreuses pagodes et maisons du Viêtnam, on peut admirer des bassins remplis d’eau au milieu desquels se dressent un ou plusieurs petits rochers. Sur ces rochers poussent des arbres nains, des fleurs, des mousses. Au milieu de cette végétation lilliputienne sont parsemés des maisons, des pagodes, des ponts, des personnages et des animaux, modèles réduits en faïence colorée. De petits poissons rouges nagent dans l’eau de ces bassins de forme ovale ou rectangulaire. Ces paysages peuvent aussi avoir pour support des plateaux où l’eau est alors figurée par le vide. Les rochers sont choisis pour leur esthétisme, mais pas seulement. Ils doivent être poreux tant pour la montée de l’eau que pour le développement des racines rampantes. La végétation fait également l’objet d’un choix rigoureux, les arbres les plus utilisés sont des conifères, des graminées, des arbres fruitiers, des arbres à feuillage caduc (ficus,  banian, orme, érable japonais, etc...). Il faut également souligner la présence de fleurs choisies, telles les roses, les chrysanthèmes,  les pivoines, les narcisses, une grande variété d’herbes et de mousses, avec une place prépondérante faite aux joncs. Ce qui est remarquable dans ces paysages, c’est le fait que, même nanifiés, les arbres fruitiers donnent des fruits, et que les fleurs s’épanouissent. Lors du Têt, on peut voir éclore des « Kumquat ». Le rouge symbolise le bonheur, le vert la longévité. On retrouve également ce dernier symbole dans les arbres nains réputés pour leur âge avancé. On parle de cent, même deux cents ans !

Avant d’aborder la symbolique de ces paysages et les associations qui en découlent, il est nécessaire de voir par quels procédés s’obtient la nanification des végétaux qui les composent.

UNE TECHNIQUE TRÈS ANCIENNE

Lorsque l’orientaliste Rolf A. Stein, élève de Marcel Granet (2), arrive en 1940 au Viêtnam, il est frappé par le nombre de pagodes et maisons possédant des jardins en miniature. Ce qui le frappe aussi c’est leur caractère religieux avec la présence des trois éléments : eau,  pierre et végétation. Leur réunion permanente dans les compositions vietnamiennes apparaît souvent exceptionnelle dans « les paysages en bassin » chinois et les « Arbres nains japonais ». Fait curieux, hormis quelques considérations esthétiques et allusions philosophiques, aucun chercheur ne s’était véritablement intéressé à ce domaine avant la publication en 1952 de l’étude magistrale de Rolf A. Stein. Cette étude très complète devint rapidement fameuse. On y trouve des descriptions très détaillées de ses observations dans de nombreuses pagodes à Hanoï et dans ses environs, à Hué et Chapa notamment, mais aussi dans des maisons aisées ou pauvres. On y trouve également un exposé remarquable sur les techniques de nanification. En voici un résumé :

Pour obtenir des arbres nains, on choisit des graines chétives de plants déjà rabougris. On les plante dans un espace réduit, d’où peu de terre et de nourriture. Quand la plante a poussé, on fait des noeuds dans la tige et on la tord. Il en résulte un rabougrissement et l’apparition de formes tortueuses. Sur les ficus et les banians, les noeuds produisent des excroissances d’aspect extraordinaire. L’arbre fait ensuite l’objet d’un entretien particulier : taille des branches à des époques précises, pincements, greffage, recépage, torsion du tronc, transformation des branches en lignes sinueuses en les attachant à des fils ou encore grâce à des poids suspendus.

Lors de son enquête de terrain, Rolf A Stein observe chez les spécialistes vietnamiens consultés le désir de garder pour eux leurs « secrets de fabrication » et leurs expériences personnelles. Pour autant, il constate deux tendances :

-«  La première veut la reconstruction de l’habitat naturel de la plante ou d’un paysage  J’ai vu   moi-même chez un amateur du village de Ngoc-hà (Hanoï) une reproduction de la Baie  d’Along et du site fameux des Sept Sages de la Forêt de bambous  où   des bambous nains  abritaient des figurines en porcelaine peinte représentant les Sept Sages »...

- « La seconde tendance vise, au contraire, la création de formes insolites dans lesquelles on voit soit des personnages, soit des gestes. J’ai sous la main un manuscrit  qui donne 31 dessins d’arbres avec l’indication de ce qu’ils représentent. Le dragon aux multiples replis, la tortue, l’oiseau dansant, père et fils, mère et fils, frères, licencié, voilà quelques uns des thèmes représentés. »

Toutes  ces métaphores poétiques ou picturales proviennent d’un fonds ancien d’images, de gestes, de coutumes et de mythes issus de milieux différents : milieux paysans ou nobles, à prépondérance féminine ou masculine, à tendance magique ou morale taoïste ou confucianiste.

EMPLACEMENTS ET SYMBOLIQUE

Comme le souligne Rolf A. Stein dans son étude, les rochers dressés dans les cours des pagodes sont intégrés dans l’enceinte sacrée. Ils sont presque toujours accompagnés de sentences parallèles en chinois, connues de tous grâce à des recueils populaires. Telles celles de la pagode dite du Grand Bouddha à Hanoï dont voici la description de Rolf A. Stein :

«  On voit devant la pagode principale deux rochers placés dans un bassin d’eau rectangulaire. Un pont relie les deux rochers, des arbres nains y poussent. Un nombre assez grand de figurines les peuplent : un tigre, un Lao-tseu couché sur un boeuf gris, plusieurs personnages au crâne élevé, à la barbe longue, tenant en main un bâton noueux (signes caractéristiques du vieillard de la longévité), une tour à cinq étages, de petites maisons, une grue et, dans une anfractuosité, une pagode munie d’un écriteau qui porte les caractères « grotte de la retraite des immortels ». Quatre petites colonnes s’élèvent aux quatre coins du rectangle. Elles portent les sentences parallèles suivantes :

          Au lac de l’Ouest, les eaux larges viennent ;

          La haute montagne du Trân septentrional (Trân-vù) regarde en haut.

          Un mont unique se dresse en face du trône du dieu (d’en haut) .

          Les quatre mers débordent de vagues de grâce. »

Nous l’avons vu précédemment : l’eau, la pierre et la végétation sont indispensables pour former un site complet. « Ici c’est la statue (ou la pagode) du Grand Bouddha qui remplace la montagne. Trân-vù, le guerrier sombre, la tortue, étant le patron du septentrion, fait qui, dans les sentences parallèles, l’a opposé au lac d’Occident .Mais les termes « eaux larges » et « montagne haute » qui ne semblent pouvoir désigner qu’un site de la nature, s’appliquent ici aux petits rochers et au bassin d’eau dans lequel ils se dressent. Deux petits rochers en bassin se font face à l’intérieur de la pagode de Bà Kiêu ( située près du Petit Lac de Hanoï). Pendant la période du Nouvel An, un papier rouge avait été collé sur chaque bassin, l’un portant les caractères « haute montagne », l’autre « eaux larges ». Cet exemple montre que les sentences parallèles du bassin du Grand Bouddha s’appliquent en même temps au site de la pagode et à l’ensemble en miniature placé dans son enceinte. »

Un autre jour, visitant la maison du  chef de rue de la rue de l’îlot de Bây-mau (Hanoï), Rolf A. Stein y découvre un rocher d’environ deux mètres élevé sur un soubassement de briques.

« Il y a dans ce rocher de nombreuses grottes... Devant le rocher se trouvent des arbustes plantés en pots, des buffles et des personnages en faïence. Des arbres nains poussent sur le dos des premiers, leurs racines passant, en s’enchevêtrant, par les narines »..Sa visite se situant en pleine période d’activité religieuse dans le cadre des festivités du Nouvel An, « le rocher principal était orné de lampes électriques ( l’une d’elles, au centre, portait des bésicles), d’un chapeau de génie en papier  et de banderoles en papier blanc et jaune couvertes d’inscriptions ».  Un vieux lettré monta jusqu’au rocher pour offrir des baguettes d’encens allumées.

Nous sommes loin de considérations esthétiques. Ces exemples révèlent le caractère religieux que peuvent revêtir les rochers en bassin, leur assemblage. Les plantes et les figurines qui les décorent sont  chargées de symboles.

Le grand géographe Pierre Gourou (3), auteur du concept de « civilisation du végétal » en a démontré son importance en Asie du Sud-Est et, tout particulièrement, au Viêtnam. Il y a dans ce pays et son histoire toute une symbolique des végétaux. Elle est présente dans les jardins domestiques et potagers, dans les plantes en pots disposés dans les cours des habitations, dans les jardins en miniature. L’aréquier a un rôle de protection magique, les courges et les potirons grimpant sur une claie de bambous, c’est la représentation d’une grande famille unie, les arbustes taillés en forme de grues montées sur des tortues, phénix, dragon, licorne symbolisent une extrême longévité et une protection efficace contre les esprits malins. Les couleurs des feuilles et des fleurs jouent aussi un rôle important dans cette symbolique. La couleur rouge des fleurs du pêcher exprime l’espoir du bonheur.

Rien n’est laissé au hasard. Dans le Viêtnam traditionnel, les plantations y compris les plantes médicinales concourent aux souhaits de bonheur, santé et longévité. La vivacité des coutumes anciennes mérite d’être soulignée.

« Au grand marché de Hanoï, écrit Rolf A. Stein, on pouvait acheter de curieux objets : trois pics de montagne en pâte à papier dure, peints en noir, se dressent au milieu d’un bassin en carton rempli de duvet rose et vert (figurant l’eau) et de deux poissons en pâte maintenus par des ressorts. La montagne est ornée de fleurs semblables à des étoiles et peuplée d’un certain nombre de figurines revêtues de robes de couleurs différentes (blanc, rouge, jaune, vert, bleu). Ce sont, à part un pêcheur à la ligne assis auprès de l’eau, des Dames ou des Saintes-Mères (thânh-mâu) ; se rappeler que les bà dông (médiums féminins) qui servent dans le culte de ces Saintes-Mères revêtent au cours de leurs danses extatiques des robes de couleurs différentes suivant le règne auquel appartient la divinité descendue sur elles. Sur le pic central s’élève une tour (stupa) à sept étages, et toute la montagne est bordée d’une végétation en coton vert. Le tout atteint une hauteur d’environ 10 centimètres.

Ces miniatures d’un monde complet sont déposées en offrande dans les petites niches (pagodons) dédiées aux divinités... »

Quelle ne fut pas la surprise de Rolf A. Stein devant la réaction spontanée d’une vietnamienne, issue de monde rural mais familiarisée avec la vie européenne, à laquelle il présentait une reproduction de cette oeuvre colorée ! Cette jeune femme se mit à réciter, en les scandant, les vers d’un chant alterné. Souvenir des fêtes au cours desquelles garçons et filles s’opposaient en joutes amoureuses.

Le passé, le présent, tout se raccorde admirablement grâce à l’habileté manuelle, l’ingéniosité des artisans vietnamiens qui arrivent avec des moyens très simples à obtenir des réalisations esthétiques. On peut voir de grandes jarres ou des pots chez les pauvres, et chez les riches, des bassins fleuris de lotus, ornés de rochers et de jardins en miniature, égayant d’humbles cours ou des jardins s’intégrant dans les grandes lignes du paysage environnant.

Le taoïsme a créé des générations de lettrés pratiquant un humanisme naturiste, avec ses ermitages rituels, des jardins en miniature et le profond désir d’embellir ce que la Nature a produit, plutôt que de l’asservir. Quelle que soit la dimension de ces jardins, « le paysage doit susciter un sentiment (co canh co tinh) tout comme, en poésie, le sentiment est « en dehors des paroles (y tai ngôn ngoai). L’art de la suggestion consiste, par exemple, à ne pas montrer une pagode, mais simplement son toit derrière les arbres, ou encore un moine cheminant sur un sentier tantôt visible, tantôt caché. La composition doit tendre à l’équilibre : du plein (les rochers, les arbres) et du vide (l’espace , l’eau) du proche et du lointain, des lignes droites et courbes, du principal (le centre d’intérêt) et de l’accessoire. Ce qui signifie qu’il ne faut pas employer des éléments de même dimension et ni les concentrer, ni les disperser » (4)

Ainsi dans sa retraite, le lettré crée un site clos en miniature, parfait et complet, à l’intérieur de sa demeure et, quand il en a la possibilité, dans son ermitage, il en retire une grande quiétude savourée en esthète.

De nos jours, l’amateur d’art ou le poète se plaisent à contempler leur  jardin miniature avec la même émotion que leur procure la lune se reflétant dans le calme miroir de l’eau, ignorant bien souvent que ce qu’ils ressentent est lié à des coutumes religieuses et magiques venues du fond des âges.

Pour les enfants, ces jardins sont un monde merveilleux. Les quatre petits poissons rouges du jardin miniature de la maison de mon enfance ont fait le régal de Mistigri, notre chat siamois, un goinfre et un voleur ! Depuis, je garde en  mon coeur la nostalgie de ce jardin que j’aimais par-dessus tout. Son banian nain, son petit pont rouge entre deux rochers surmontés d’un pagodon où se rendaient en procession les figurines colorées achetées au grand marché de Hanoï me font encore rêver.

Chers lecteurs, en cette veille de Tët, je cueille les bourgeons de mon cher petit banian, à jamais immortel, pour vous assurer mille prospérités.

                                                                                                                        L.B.

NOTES

(1)    LÊ THANH KHÔI –«  VOYAGE DANS LES CULTURES DU VIÊTNAM »– p. 186

(2)    Marcel GRANET, éminent sinologue (1884-1940), savant mondial par la portée de son oeuvre

(3)    Pierre GOUROU, géographe célèbre, fut professeur au Lycée Albert Sarraut

(4)    LÊ THANH KHÔI-« VOYAGE DANS LES CULTURES DU VIÊTNAM »-p.186

BIBLIOGRAPHIE

-          STEIN – « LE MONDE EN PETIT » - Jardins en miniature et habitations dans la pensée religieuse  d’Extrême Orient – Août 2001 – Flammarion, Paris ISBN 2-08-080026-4

-          CAHIERS D’ETUDES VIETNAMIENNES – N°16 – 2003 – Ed. « Les Indes Savantes »

Retour